Comment fonctionne la perception ?

 

Pour faire évoluer sa perception, il faut déjà avoir conscience du fonctionnement de la perception humaine...

 

Une branche de la philosophie s'est intéressée à la perception que l'homme a des choses et du monde.

Elle a révélé le fait que l'homme construit mentalement le monde (actif) et qu'il n'est pas un simple enregistreur/appareil photo (passif) de son environnement. 

 

C'est à dire qu'au lieu d'envisager qu'il existe un objet extérieur que l'homme perçoit et qui s'imprime tel quel dans son esprit (comme s'il était un miroir, une éponge, un aspirateur)

la phénoménologie a amené à considérer plutôt le fait que l'humain, à partir des stimuli qu'il reçoit de ses sens créé une réalité qui tient debout.

En d'autres termes, ce qui donne une signification et une cohérence à "l'environnement extérieur" c'est finalement la structure interne de la conscience.


Dès lors, tous les scénarios sont possibles :

  • Peut-être que le monde n'existe pas (Matrix)
  • peut-être que le monde ne ressemble absolument pas à ce que l'homme voit
  • peut-être que ce qui nous semble ordonné, harmonieux et immuable n'est qu'un chaos (que nous avons simplifié et unifié mentalement pour pouvoir y évoluer, prendre des décisions).
  • peut-être que chaque individu perçoit quelque chose de différent et que tout partage d'expériences avec autrui est un malentendu ?
  • peut-être que, si les humains meurent tous, le monde tel qu'ils le perçoivent mourra avec eux.

Le monde vu par l'homme ou par la mouche

 L'animal-homme a un corps et des besoins biologiques... ceux-ci influent sur la perception qu'il a de son environnement. Effectivement, nous ne sommes pas d'abord conçus pour être des scientifiques ou des contemplateurs, nous sommes fabriqués pour survivre : trouver de quoi manger, voir le danger, distinguer ce qui est à notre échelle et UTILE à notre survie...

 

Quid des autres animaux et des insectes? Ils n'ont pas le même système digestif ni les mêmes capteurs sensoriels ou encore la même taille que nous.... Leur perception est donc différente.

 

L'environnement dans lequel ils évoluent est donc totalement différent.

On pourrait donc dire qu'il y a autant de "terres" ou de "mondes" qu'il y a de systèmes perceptifs (et de besoins) qui les conçoivent, les dessinent.

 

Pareillement, nous assemblons les choses, mais surtout les divisons, les découpons (un arbre, l'herbe, les microbes) selon notre échelle.

Sachant tout cela, on en finit avec l'idée d'une "réalité" : unique, autoritaire et objective.

Les parasitages de la perception

 

Entre la réception de la sensation, le traitement de celle-ci par le cerveau, puis l'établissement d'une interprétation, il peut se passer beaucoup de "déviations" :

  • Les récepteurs (5 sens) de l'information, peuvent être lésés ou biaisés.
  • le traitement par le cortex peut se faire incorrectement, dans le désordre (ou plutôt un autre ordre)
  • l'interprétation de ce qui a été perçu peut être faussée par une conclusion hâtive due à l'habitude (on voit une fenêtre peinte en trompe-l’œil sans l'identifier comme simple peinture).
  • Une motivation nous amène à nous concentrer sur une chose au détriment des autres

En considérant cela, on peut prendre peur ou, au contraire, considérer qu'à chaque étape, la possibilité de faire dévier la perception est également une opportunité d'ouvrir sa vision, de la désaxer et la faire voyager.

Faire varier les interprétations

 Après la sensation et la perception, interviennent les interprétations, ces pensées qui donnent un sens à ce qui a été perçu.

 

Nous pouvons prendre de la distance vis à vis de certaines de ces "interprétations" qui ne sont pas nécessaires à la survie. En effet, quelle est cette portion d'intelligence dont l'homme dispose et qui dépasse le simple guide d'utilisation vitale de son milieu ? Que penser de tout ce "surplus" de réflexion qui  lui sert  à conjecturer sur le contexte global ou même sur l'"intention" du cours des choses ?

Et si cette intelligence qui fait naitre les conflits était une maladie ?

 

Dès lors, pourquoi ne pas garder précieusement les connaissances basiques et utiles à la survie mais rester méfiant et circonspect face à toutes les autres (parfois la frontière est ténue évidement).

Ou pourquoi ne pas essayer différentes croyances comme on essaye des costumes ?

 

C'est ce que propose Hans Pascal Blanchard dans son si beau texte la Perception comme interprétation:

 

" S’agirait-il, non pas de faire tomber les schèmes (...) mais, plutôt, de les faire varier, de les multiplier, de les mettre en concurrence les uns avec les autres pour retrouver par là une liberté condamnée par un rapport d’emblée pragmatique au réel ?  (...)

"Le préjugé est le type même d’une interprétation dont se sont absentés le sujet et son pouvoir de juger. La seule manière de réveiller l’activité dans ce sujet serait justement de mettre en rivalité ces interprétations, de détrôner celle qui prévaut, de les dénoncer l’une par l’autre comme interprétations."

"(...)là où l’usager, qui oublie (...) s’ennuie, celui qui sait faire varier les schèmes intérieurs, se dépayse."

(Pour lire en entier ce sublime texte philosophique de Hans Pascal Blanchard,  suivez ce lien.)

 

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