Le livre "Soyons créatifs" de Philippe Brasseur


Pour moi, un bon livre est une allumette qui se frotte à notre esprit jusqu'à provoquer une étincelle. Ensuite, une mèche est allumée et, à sa lueur, nous pouvons regarder la vie différemment.

 

 Soyons créatifs de Philippe Brasseur est une véritable allumette.

A première vue, ce n'est "qu'un livre" du rayon jeunesse, un manuel à destination des parents qui cherchent à occuper leur progéniture.

 

Pourtant, ce livre est habité d'une grande énergie et d'un terrible appétit de réinvention.

 

Il propose de sortir des automatismes de l'éducation et de remplacer les occupations rabâchées par des activités inaccoutumées

 

Il rappelle que la créativité peut être invoquée à chaque instant pour que l'enfant cesse de  diviser les moments de sa vie en 2 catégories :

  • moments récréatifs (la récré, les vacances, le goûter, le départ à la campagne)
  • moments pénibles (le cours de géométrie, le dimanche chez mamie, le retour en ville)

... et qu'il se sente capable, au contraire, d'invoquer l'inventivité en toute circonstance pour se libérer de l'ennui et rendre la contrainte amusante.

 

 

Les exercices de la page 17, "Développer la créativité à tout instant de la journée" proposent de transformer les étapes obligatoires et rodées de la journée en parenthèses récréatives.

 

Voici quelques propositions :

 

"8h, départ de l'école : Chercher ensemble des réponses à la question "Et si un jour, le soleil refusait de se lever?"

 

Ou d'autres questions :

 

ET SI LA PESANTEUR DIMINUAIT DE MOITIÉ ?

ET SI TOUS LES MÉTAUX, FRAPPÉS PAR UN ÉTRANGE VIRUS, DEVENAIENT MOUS COMME DU CAOUTCHOUC ?

ET SI NOUS N'AVIONS PLUS BESOIN DE MANGER POUR VIVRE ?

 

"16h30, retour de l'école : Prendre un autre chemin pour revenir de l'école (et découvrir un espace vert "inconnu", tout près de chez nous.)

 

"17h, grand magasin : Acheter un aliment qu'on n'a jamais mangé"

 

"19h, repas : Un repas "à l'envers" : les parents jouent qu'ils sont des enfants, et vice et versa"

 


p26

 

Un repas, activité banale par excellence, peut devenir cocasse :



 

Page 52, autre thématique : l'auteur propose un exercice pour rendre les enfants moins passifs face à leur environnement.

 

Au lieu de se contenter d'identifier et de comprendre le fonctionnement des objets, ils doivent aller plus loin et les critiquer. Il s'agit de lister les insuffisances de l'objet choisi et de relever ce qui pourrait être amélioré.

 

De quoi faire de l'enfant de la graine d'inventeur, tout cela avec humour !


"Quelques défauts possibles pour ce vélo : aucune protection contre les intempéries ou les chocs ; il est trop léger pour rouler sur la lune ; pas moyen non plus de rouler sur l'eau, ni sur la glace ; il n'y a pas la radio ni la télévision ; les couleurs sont trop voyantes si on part en safari".

 

"Variante :

Trouver toutes les qualités de quelque chose qu'on n'aime pas

Exemple : La pluie, une bouse de vache, les choux de Bruxelles"



 

Enfin, dernier exercice dans la même trempe :

 

"Imaginer les "autres" usages d'un objet usuel.

"Exemples : la chaise peut servir comme : abri dans le jardin pour une plante fragile ; "tambour" ; luge ; chapeau pour se protéger du soleil ou de la pluie, radeau auquel s'accrocher en cas de naufrage ; bois à brûler ; canne : arme pour assommer, arme pour aveugler un géant à quatre yeux ; support pour enrouler un très long fil de laine".


Cet exercice est très intéressant car il amène l'enfant à décloisonner, à passer d'une perception unilatérale de l'objet (la chose est une idée, elle est ce qu'on m'en a dit, je dois en faire l'usage indiqué dans le dictionnaire) en une perception riche, où les possibilités matérielles de l'objet sont révélées (je peux faire plein de choses avec une chaise, elle est solide, réelle, transformable).

 




Dernier exercice tiré de ce délicieux livre dont je ne dois pas tout dévoiler, l'exercice du classement invite l'enfant à inverser les planches de son placard mental...

 

Plus concrètement, en proposant de classer les gens selon d'autres critères que ceux omniprésents et ultra rabâchés (du type par couleur de peau, origine sociale, sexe), il rappelle le nombre infini de classements qui pourraient être instaurés pour différencier, hiérarchiser et  distinguer les hommes (de quoi relativiser les critères érigés aujourd'hui).

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Philippe Brasseur a également son site internet