le Manifeste de la moisissure  du génial Hundertwasser

Ces incroyables bâtiments sont l’œuvre de l'architecte Hundertwasser.

 

Voici quelques extraits de son manifeste de la moisissure contre le rationalisme en architecture, texte aussi incroyable que ses réalisations :

 

 

"Maintenant, la peinture et la sculpture sont libres, car chacun peut produire aujourd’hui toutes sortes de choses et les exposer. Mais en architecture, cette liberté fondamentale, condition de toute création artistique, n’existe toujours pas, car il faut d’abord obtenir un diplôme pour pouvoir construire. Pourquoi?

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"Chacun doit avoir la possibilité de construire et tant que cette liberté n’existera pas, on ne pourra pas ranger les projets architecturaux actuels parmi les œuvres d’art. Chez nous, l’architecture est soumise à la même censure que celle imposée à la peinture en Union Soviétique."

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"Il faut que cesse enfin cette habitude qu’ont les hommes de s’installer dans leur logis comme dans des cages à poules et des clapiers."

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"Il faut préférer les logements matériellement inhabitables des quartiers miséreux, les taudis, aux logements moralement inhabitables de l’architecture fonctionnelle et utile. Dans les quartiers miséreux seul le corps des hommes peut périr, mais dans l’architecture prétendument conçue pour l’homme, c’est son âme qui périt."

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"L’habitant d’un immeuble doit avoir la possibilité de se pencher par la fenêtre et aussi loin que portent ses bras –de gratter et transformer ses murs extérieurs. Et il doit avoir le droit de peindre avec un long pinceau à portée de sa main le tout en rose, de sorte qu’on puisse voir de loin, depuis la rue qu’ici habite un homme qui se distingue de ses voisins, ce bétail privé de droits et affecté à ces lieux ! Il faut aussi qu’il puisse scier les murs et procéder à toutes sortes de modifications même si cela détruit l’image architectonique harmonieuse d’un prétendu chef-d’œuvre de l’architecture et il faut qu’il ait la possibilité de remplir sa chambre de boue et de pâte à modeler."

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"On ne peut parler d’architecture que lorsque l’architecte, le maçon et l’occupant sont une unité, c’est-à-dire une seule et même personne. Tout le reste n’est pas de l’architecture, ce n’est qu’une action criminelle devenue forme."

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"L’homme doit retrouver la fonction critique et créatrice qu’il a perdue et sans laquelle il cesse d’exister en tant qu’homme ! "

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"Le simple fait de porter sur soi la ligne droite devrait être interdit, au moins moralement. La règle est le symbole du nouvel analphabétisme. La règle et l’équerre sont les symboles de la nouvelle maladie du déclin."

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"Nous vivons aujourd’hui dans le chaos de la ligne droite, dans une jungle de lignes droites.

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"La ligne droite est impie, sacrilège et immorale. La ligne droite n’a rien de créateur, c’est une ligne reproductive et dictatoriale. Elle est habitée non par Dieu et l’esprit humain mais plutôt par les esclaves paresseux, avides de confort, privés de cerveau.

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"Lorsque la rouille se dépose sur la lame d’un rasoir, lorsqu’un mur se couvre de moisissure, lorsque l’herbe apparaît dans le coin d’une pièce et arrondit les angles géométriques, il faut se réjouir de voir qu’avec les microbes et les champignons, c’est la vie qui entre dans la maison."

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"L’architecture d’aujourd’hui est d’une stérilité criminelle. Car toute activité de construction cesse malheureusement au moment même où les gens « emménagent» alors que normalement cette activité devrait vraiment commencer après leur emménagement. C’est ainsi que ces diktats honteux nous privent scandaleusement de notre humanité et nous forcent de façon criminelle à ne rien modifier et à n’ajouter ni couleur, ni structure, ni maçonnerie à la façade, à l’aménagement, aux espaces intérieurs."

 

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